J'ai eu quelques critiques ou conseils de prudence concernant ma dernière correction de l'évolution de la température des océans compte tenu de l'ENSO et de l'influence solaire.
Certes, comme je le disais, ces corrections étaient basées sur des statistiques et modèles plutôt sommaires et j'accepte tout à fait les critiques pourvu qu'elles soient suffisamment justifiées.
Mais d'autres, plus affûtés que je ne peux l'être dans ce domaine, sont venus involontairement à ma rescousse, en utilisant des statistiques "un peu plus" poussées (régressions multiples).
Je vous laisse donc découvrir cette étude,Foster et Rahmstorf 2011 (FR11), qui se propose de nous offrir, également, une évolution corrigée de la température globale.
Outre le fait que les méthodes soient différentes, les corrections portent en plus sur l'activité volcanique, importante en 1985/1986 (El Chichon) et en 1991/1992 (Pinatubo).
L'indice ENSO n'est pas le nino34, comme je l'ai utilisé, mais le MEI.
Toutefois ces indices sont très proches.
Il ne semble pas y avoir d'utilisation de modèle pour l'influence solaire, toutefois la réponse semble être assez proche de celle du modèle que j'utilise.
FR 2011 réalisent les corrections sur les températures globales directement pour 5 organismes (NASA-NCDC-HadCRUT-RSS-UAH) alors que j'ai utilisé uniquement les SST (températures de surface de l'océan) NOAA (NCDC).
Notons que RSS et UAH sont les températures de la basse troposphère et pas de la surface.
J'ai repris les valeurs de la figure 8 de l'étude FR11 et les valeurs de mon graphe n°2 affectées d'un coefficient de 1.18 pour tenir compte du passage des SST au global (évolution CE).
Les courbes sont quelque peu différentes mais, mise à part la période 1991-1994, il n'y a que peu de différences entre les deux courbes, sauf qu'il semble que chez FR11 l'ENSO soit mieux corrigée pour les épisodes forts, comme 1998, où l'influence sur la température globale a été fortement décalée par rapport à l'indice.
Les tendances sur le long terme sont les mêmes et, sur la dernière décennie la tendance FR11, plus faible que la tendance CE, est toutefois proche de 0.16°C/décennie.
L' attrait principal de ce genre d'exercice est, à mon sens, de montrer qu'une fois le bruit climatique haute fréquence en grande partie éliminé, on constate une montée assez régulière de la température globale compatible avec le réchauffement global (RC).
Concernant l'ENSO, cela ne sous-entend pas qu'une corrélation sur le plus long terme n'existe pas entre cette oscillation et le RC.
Par exemple cela ne sous entend pas que plus de RC ne voudrait pas dire plus ou moins de Niño ou Niña.
Seuls des modèles couplés pourraient répondre à cette problématique et, pour le moment, ils ne voient pas de corrélation franche.
Il est intéressant de noter, de façon plus anecdotique, que 2009 et 2010 sont les deux années les plus chaudes de la série corrigée.