Désolé, il ne s'agit pas du "lag" entre température et CO2 lors des périodes glaciaires, ce sera pour une autre fois, peut-être.
Mais j'avais promis hier un article sur le décalage constaté entre températures de surface et températures de la basse troposphère.
C'est pas très intéressant, je le reconnais, mais ça va pas être trop long.
J'ai limité l'analyse aux océans.
Après tout ils occupent plus des 2/3 de la surface globale et leur "poids", dans l'anomalie globale, est évidemment très important.
Sur le plan physique, le raisonnement est que, globalement (pas localement), la surface, par nature plus chaude que l'atmosphère, absorbant la majorité du rayonnement, est la source principale de chaleur.
Que ce soit de façon adiabatique ou diabatique (avec échange de chaleur), l'air circule verticalement, pompe l'énergie de la surface et transmet la chaleur plus haut.
C'est bien la surface qui pilote l'atmosphère.
Ces processus ne sont pas instantanés, dans la très basse atmosphère, à l'intérieur de la couche limite, ça va assez vite étant donnée la turbulence.
Plus haut c'est un peu plus lent bien sûr.
De plus les échanges de chaleur entre la couche d'eau de plusieurs dizaines de m, où le mélange n'est pas trop mauvais, et l'atmosphère au contact ne sont pas non plus instantanés.
Mais je pense d'avantage que c'est la partie diabatique qui retarde la variation de température de l'atm.
Ceci dit c'est bien globalement que les choses sont envisagées.
Régionalement la circulation atmosphérique a une importance énorme.
C'est à l'occasion de mes "recherches" ( avec de gros guillemets) sur les relations ENSO et SST que j'ai constaté l'existence d'un certain décalage.
Etant donné d'autre part qu'un intervenant mettait en doute ce lag, voici donc quelques courbes et corrélations.
On peut analyser les SST (données NOAA) et les TLT océans mesurées par RSS, mensuelles, sur 10 ans, de janvier 1999 à juin 2008.
Les corrélations entre les deux courbes sont effectuées simplement avec les nuages de points xy des graphiques excel.
On peut bien sûr décaler les séries l'une par rapport à l'autre et déterminer à chaque fois le coefficient de corrélation R2.
Il est ensuite facile de tracer la courbe R2 = f (lag)
La voici:
La corrélation s'effondre pour les lags négatifs (TLT en avance sur les SST).
Par contre le maximum de corrélation se situe entre 1 et 2 mois de retard.
Quoiqu'il ne s'effondre pas, loin de là, pour des lags de 3 et 4 mois.
Même pour un lag de 6 mois, la corrélation est la même qu'avec une réponse instantanée.
On peut donc estimer que le lag moyen est de l'ordre de 3 mois.
C'était la raison de ma réponse à un commentaire dans l'article sur juillet.
Pour essayer de mieux figurer ce que cela représente, voici les SST et TLT depuis janvier 2007.
Le premier graphe représente les données brutes, le deuxième, les mêmes courbes, mais décalées de 2 mois (proche du maxi de la courbe plus haut).
Les valeurs en rouge sont les valeurs de TLT simulées grâce à la tendance de la courbe xy (2 mois).
On peut également s'apercevoir que certains points correspondent bien avec un retard de 0 et plus avec un décalage.
Mais statistiquement c'est bien le décalage qui est le plus probable.
Les prochaines valeurs des RSS TLT océans (pour juillet et août donc) devraient être, le plus probablement, de cet ordre.
Enfin nous verrons bien, car j'ai bien conscience que le climat réel ne peut s'analyser et se prévoir avec des analyses aussi primaires.
En particulier, il semble que les différents épisodes forts de l'ENSO influencent ce lag.
Or nous étions assez récemment en Niña forte.
EDIT:
les valeurs de juillet pour les TLT RSS océans viennent de paraître.
Je les ai incorporées à la courbe ci dessus.
L'anomalie est de 0.0780 pour un "prévu" de 0.129°C
La variation par rapport à juin est de 0.133°C pour un "prévu", sur le graphique, de 0.184°C.
Le réel est donc de 72% de ce qui était prévu, ce qui n'est pas forcément si mal pour une approche aussi rudimentaire.
Voici en vert la donnée réelle mais retardée de 2 mois évidemment.
Pour le moment, la "théorie" n'est donc pas en défaut.