On se souvient tous de cet hiver 2009/2010, très rude, et qui, de façon assez malicieuse, a nargué le sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique.
Certes, on ne peut suspecter nos grands dirigeants prenant des décisions concernant l'avenir de l'Humanité sous l'influence du temps qu'il fait, mais l'exemple d'Obama quittant le froid de Copenhague pour atterrir dans son pays, sous le blizzard, peut faire douter.
La rigueur de cet hiver a été particulièrement ressentie en Europe et plutôt qu'une litanie de chiffres, quelques images révélatrices.
Voici par exemple la carte des températures européennes de 11 au 18 décembre 2009:
la photo satellite d'un Royaume Uni, entièrement recouvert de neige, le 7 janvier 2010:
et les canaux hollandais gelés le 9 janvier:
entre autres.
Evidemment, on n'oubliera pas que tout ceci avait donné un grain à moudre facile à nos sceptiques favoris se répandant sur des médias complaisants au nom du refus de la "pensée unique", voire du respect de la démocratie, carrément.
bref...
Nous avons souvent parlé ici de cet exceptionnel minimum solaire qui s'est terminé voici seulement quelques mois.
Nous avions chiffré son influence, sur le plan global, à 0.1K par rapport à la normale (et 0.15K par rapport à un maximum solaire).
Mais sur le plan régional on suspecte, depuis longtemps, une influence solaire sur la circulation atmosphérique du nord de l'Atlantique (NAO)
Et cette étude récente:
Enhanced signature of solar variability in Eurasian winter climate
T. Woollings, M. Lockwood, G. Masato, C. Bell and L. Gray
apporte des éléments très intéressants à ce sujet.
en voici le résumé:
"Nous démontrons que le flux solaire ouvert (Fs, à partir de données géomagnétiques) présente des corrélations plus fortes avec des variations de la circulation atmosphérique que les mesures d'activité solaire classiquement utilisées.
Les anomalies de la circulation sont particulièrement amplifiées sur l'Atlantique Nord et l'Eurasie, où des changements importants dans la survenue de blocages et où des variations de plusieurs degrés de la température de surface hivernale sont constatées entre les terciles haut et bas solaires.
La relation est plus forte et plus simple avec Fs, étant plus linéaire entre hivers "haut et bas solaire".
Alors que les anomalies de circulation ressemblent fortement à l'oscillation de l'Atlantique Nord, elles s'étendent également plus profondément en Eurasie, spécialement en haut solaire.
Cette signature distincte peut être utile pour la détection et l'attribution des changements observés et l'identification de mécanismes dynamiques."
précisons que "bas et haut solaires" veulent dire respectivement hivers avec basse et haute activité solaire, les basse et haute étant définis par les terciles (1/3 des plus bas et 1/3 des plus hauts).
Voici quelques graphes extraits de l'article:
Le premier décrit les anomalies de pressions au sol et de température pour en a) entre bas et haut solaire, en b) pour la NAO classique, en c) l'examen de la corrélation.
Il y a corrélation frappante entre influence solaire et NAO.(au point de vue des comportements)
Le graphe des différents indices solaires mis en parallèle avec les situations de blocage:
La deuxième étude , parue dans JGR, est non moins intéressante.
Winter 2010 in Europe: A cold extreme in a warming climate