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1 mai 2008 4 01 /05 /mai /2008 15:28


(support: photo NASA)
 

Décidément le refroidissement est à la mode ces temps-ci,
 

que ce soit suite à l'influence de la PDO ou de la Niña (voir les articles précédents).

 

 

Les promoteurs du réchauffement d'origine anthropique (dont, modestement, je soutiens les fondements, mais pas forcément tous les "détails" d'application) vont avoir beaucoup de travail pour convaincre les décideurs et le citoyen lambda, de la justesse de leurs théories et prédictions, au regard de ce qui risque de survenir au cours de la prochaine décennie.

 

Du moins si on en croît cette nouvelle étude, parue dans le dernier Nature, dont les conclusions, sont, pour le moins surprenantes:

 

 

"Advancing decadal-scale climate prediction in the North Atlantic sector"

réalisée par des gens, semble t'il, sérieux:

NS Keelyside, M Latif (Leibniz Institute of Marine sciences)

J Jungclaus, L Kornblueh, E Roeckner (Max Planck Institute of Meteorology)

 

dont voici le résumé traduit:

 

 

"La prédiction climatique à l'échelle décennale dans le secteur Nord-Atlantique, avance.

 

Le climat de la région nord-atlantique présente des fluctuations décennales, qui ont de grandes conséquences sociétales.

Des exemples frappants concernent l'activité cyclonique dans l'Atlantique nord, les températures et les pluies en Amérique du Nord, en Europe et en Afrique du nord.

Bien que les variations multidécennales soient potentiellement prévisibles, si l'état actuel de l'océan est connu, le manque d'observations, sous la surface de l'océan, constitue un facteur limitant pour la pleine réalisation de telles prédictions.

Ici, nous appliquons une approche simple qui utilise seulement les SST (températures de surface de la mer) pour surmonter partiellement cette difficulté et accomplir des prédictions rétrospectives avec un modèle climatique.

Le savoir faire est amélioré considérablement, par rapport aux prédictions faites avec une connaissance incomplète de l'état de l'océan., particulièrement dans les océans Atlantique nord et Pacifique tropical.

Donc ces résultats indiquent la possibilité de prévisions décennales de routine.

 

 

En utilisant cette méthode et en considérant à la fois la variabilité interne et le forçage anthropique projeté nous faisons la prévision suivante:

 

Au cours de la prochaine décennie la circulation méridionale océanique atlantique s'affaiblira à sa valeur moyenne sur le long terme; de plus les SST nord atlantiques et les températures de surface en Amérique du nord et en Europe baisseront légèrement alors que les SST tropicales du Pacifique resteront pratiquement inchangées.

 (gloups!)

 

Nos résultats suggèrent que la température globale ne peut augmenter au cours de la prochaine décennie, alors que les variations climatiques  dans l'Atlantique nord et dans le Pacifique tropical, inhiberont le réchauffement climatique anthropique prévu.

  (regloups!)

 

 

 

quelques commentaires "à chaud"

 

Cette étude ne prévoit donc rien moins qu'un refroidissement, certes léger, de l'Atlantique nord et donc de l'Europe au cours des prochaines 10 années (en gros jusqu'en 2015-2020)

 

 

La lecture de ce qu'il y a après l'abstract, indique que la température globale (voir fig 4) devrait recommencer à augmenter vers 2010-2011, selon le modèle des auteurs, pour rejoindre la prévision des modèles classiques vers 2025.(il semble y avoir une contradiction, si j'ai bien compris, quant à la période de stagnation de la température globale)

 

 

Il semble cependant que les résultats du modèle dépendent, comme on s'en doute, des conditions initiales et donc de la connaissance de l'état de l'océan.

 

 

Mais encore une fois, la gestion scientifique et "politique" d'un refroidissement ou d'une stagnation des températures ou d'un moindre réchauffement, c'est selon,(déjà commencée depuis quelques années), s'il se produisait, même partiellement, risque d'être plutôt délicate....

 

Si l'on suit un peu, par exemple, les efforts d'un Hansen pour contrer, dans son pays, le recours quasi-inexorable, au charbon, en remplacement du pétrole, on se demande un peu si 10 années "froides" aux US, vont être un argument décisif qui va convaincre les décideurs politiques ou, pire, les décideurs économiques.
Surtout si on tient compte de l'urgence dont Hansen assortit son discours.
Enfin c'est à suivre...
 

D'une manière plus générale, il apparaît, de toutes ces études diverses concernant l'océan, que son influence sur le réchauffement climatique, suite au forçage des GES, manque encore de certitude(s).
C'est le moins que l'on puisse dire.
Les modèles actuels ont plutôt tendance à prévoir une stratification accrue de l'océan, c'est à dire un moindre mélange.
Mais il semble que côté hémisphère sud (voir article sur inertie thermique) ce ne soit pas vérifié et qu'on suspecte au contraire un mélange plus important.
Il en est de même pour La Niña, pour laquelle, d'après un scientifique peu soupçonnable de scepticisme, Gavin Schmidt, on suspecterait maintenant que le réchauffement favorise, de par un renforcement des alizés, les épisodes Niña, établissant ainsi une rétroaction négative supplémentaire.
 

Enfin, pour le fun, une petite réflexion amusante (enfin je trouve):
 

L'océan représente une masse immense dont la température moyenne est de l'ordre de 3 à 4°C.

 

Il représente donc un stock de froid gigantesque, à comparer à une couche de surface assez fine, finalement, de température moyenne égale à 15°C.
Si, par le plus grand des hasards, l'océan parvenait à se mélanger parfaitement et progressivement (en maintenant la température de surface à 15°C), il serait capable de contrer, intégralement, environ 3000 ans de réchauffement climatique anthropique (en supposant un passage de 385 à 560ppm de CO2)
Et encore, sans compter le stock de glace qui ajouterait 400 années supplémentaires.
 

Sans en arriver à de telles extrémités, exposées simplement pour fixer les idées, on peut peut-être mieux comprendre pourquoi la question du mélange de l'océan est aussi importante  et pourquoi un soubresaut de la  circulation océanique peut apporter d'aussi grands désordres.(quoique dans le cas de l'AMOC c'est plutôt l'océan vecteur de chaleur méridienne qui est en cause)

 

Ah oui je rajoute un petit truc tout de même.


 

En supposant que tout l'océan se mélange et que sa température moyenne augmente de 11.5°C, ce seraient des quantités énormes de CO2 qui seraient larguées dans l'atmosphère.

Ce qui bien sûr augmenterait considérablement le forçage et réduirait la période d'inhibition du RC.


 

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commentaires

B
Bonjour !<br /> Pour résumer la situation ne pourrait-on<br /> pas dire que nous pédalons un  tantinet dans la semoule...???  Et<br /> qu'en fait on ne peut affirmer aucune vérité quand il s'agit de définir un<br /> réchauffement ou un refroidissement de notre belle planète. Et qu'en fait notre si belle planète se la joue perso depuis quelques millions<br /> d'années et qu'elle entend bien continuer…<br /> Mais ce n'est qu'un questionnement de béotien...
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I
euh bon, faut arrêter de s'emballer sur la PDO non plus, c'est pas cette oscillation qui fait les global cooling ou global warming à elle toute seule... d'aillleurs on n'en connait pas vraiment les mécanismes, on ne sait pas la prédire, de là à dire que par conséquent pendant 20 ans les températures vont stagner , il y a de la marge non ?sinon, bien sur que la sensibilité climatique n'est estimée que sur le réchauffement moderne, et que ce (possible) changmenet de phase PDO remet absolument tout en cause...
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M
"Mais attention aux 10 années<br /> suivantes, si cette fois la variabilité naturelle, du fait de<br /> l'oscillation, joue dans le même sens que le RC anthropique. C'est à double tranchant cette histoire."Euh justement, si tu reconnais que la PDO POURRAIT "masquer" un réchauffement, tu es obligé d'appliquer ce raisonnement au réchauffement entre 1977 et 1998 (RC 77-98), donc ne pas attribuer aux GES la majorité du forçage, ce qui voudrait dire que la sensibilité est à revoir à la baisse, ce qu'a fait remarquer ol_bugs. Le GIEC obtient une sensibilité de 3°C mais en considérant l'influence de la PDO sur le RC comme nulle. Il n'en tient pas compte en considérant la PDO comme une conséquence du RC et non comme une cause (par ex Vecchi 2006 et 2007, cité par le GIEC, avance que la probabilité que la phase de PDO > 0 durant le RC 77-98 est due au RCA est de 99% !).Donc tu ne peux plus garder une sensibilité aussi forte pour dire "les 10 années suivantes", la PDO risque d'aggraver le RCA puisqu'on peut très bien se trouver en ce moment dans une situation climatique similaire à ce qu'il y avait à la fin des années 40 : global cooling avec PDO majoritairement négatif suivi du RC 77-98 à cause de PDO positif.Si la PDO est désormais vue comme un forçage interne, les sensibilités avancées pour nous vendre l'urgence du "combat" contre le réchauffement climatique (et je ne cite même pas celle de 6°C de Hansen) sont forcément à revoir à la baisse.Eh oui, on ne peut pas avoir le beurre (variabilité due à la PDO suffisamment forte pour "masquer" un RC sur 20 ans) et l'argent du beurre (variabilité due à la PDO considérée comme nulle dans le RC 77-98).
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M
<br /> Je ne sais pas si j'ai employé "masquer" ou, si je l'ai fait, j'aurais du compléter en ajoutant " la totalité du réchauffement anthropique".<br /> lorsque tu regardes l'article sur la PDO tu verras que je ne trouve pas un "masquage" complet pour la période actuelle et future proche.<br /> De plus en employant la même sensibilité et en ajoutant le signal PDO je trouve un trend de température qui ressemble pas mal à la "réalité" ou au moins à ce que l'on mesure.<br /> Encore une fois je n'ai pas la prétention, très loin de là, de disposer d'un modèle suffisamment élaboré pour faire le tri entre variabilité naturelle et ce qui ne l'est pas.<br /> Dans cet article, apparemment, les auteurs n'envisagent pas la PDO mais l'AMOC.<br /> J'ai trouvé un commentaire en anglais qui permet de lever une certaine confusion quant aux termes employés par les auteurs.<br /> J'essaierai de faire un petit article à ce sujet.<br /> <br /> <br />
O
Bonjour, Si j'ai bien compris, la température des océans à tendance à baisser pour les raisons suivantes : - mélange des différentes strates qui refroidissent la température de surface, - le réchauffement favorise, de par un renforcement des alizés, les épisodes Niña, établissant ainsi une rétroaction négative supplémentaire. Suite à cet article, une question me vient à l'esprit. Est-il raisonnable de conclure que la sensiblité climatique de la terre serait finalement plus faible que prévue ?
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B
Bravo et merci pour "l'équité" de ce<br /> site.<br /> Je ne suis en rien un spécialiste mais je m'intéresse  au "réchauffement" (???) seriné en<br /> boucle sur tous les médias.<br /> Ton article  très clair, confirme  une autre<br /> analyse de la NASA pour le Pacifique. <br /> «Mise<br /> au point du 30 avril 2008 : L'oscillation pacifique multidécennale (PDO :<br /> pacific multidecadal oscillation) froide, semble avoir commencé nous<br /> annonce un communiqué de la NASA (…) Cela implique très probablement un refroidissement<br /> marqué de la planète pour les 20 ou 30 prochaines années...»<br /> Que j'ai pioché sur ce site :<br /> http://www.pensee-unique.fr/froid.html#pdoshift
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