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14 mai 2008 3 14 /05 /mai /2008 14:24

Est venu maintenant le temps de la critique de l'hypothèse du refroidissement de l'Atlantique nord et de la pause dans le réchauffement global, telle que décrite dans l'article précédent.

 

Cette critique ne vient pas de scientifiques français du climat, désolé, mais du côté anglo-saxon ou allemand.

En l'occurrence, ici, ce sont  les gens de Realclimate qui s'y collent.

 

Après quelques errements (de mon point de vue) concernant un pari un peu douteux, et non relevé d'ailleurs, sur la non- réalisation de la prévision des gens du Leibniz Institute, voici, enfin, un article de Realclimate basé sur des considérations plus scientifiques.

 

J'en propose ici un résumé traduit.

 

la critique se décline en 8 points:

 

(extrait Realclimate)

Figure 4 from Keenlyside et al '08. The red line shows the observations (HadCRU3 data), the black line a standard IPCC-type scenario (driven by observed forcing up to the year 2000, and by the A1B emission scenario thereafter), and the green dots with bars show individual forecasts with initialised sea surface temperatures. All are given as 10-year averages.

 

 

 

1.dans leur figure 4, ci-dessus, le scénario standard A1B reproduit légèrement mieux les 50 dernières années que leur nouvelle méthode avec SST initialisées.

la courbe verte, qui correspond à une moyenne glissante sur 10 ans, centrée sur l'année en abscisse, devrait, par construction, reproduire mieux la réalité, puisqu' initialisée avec les données réelles.

Or, manifestement, elle n'améliore pas la modélisation (voir courbes verte, rouge et noire en traits pleins)

 

2. leur prédiction de refroidissement n'a pas passé le test pour la période passée recalculée (hindcast).

la température (toujours en décennal) a augmenté de façon monotone, alors que leur modèle indique 2 refroidissements l'un centré sur 1970, l'autre sur 1999.

 

3. leur prédiction n'était pas seulement trop froide pour 1994-2004 (assez visible sur la fig4) mais aussi pour la période 2000-2010, où il faudrait avoir tous les mois à partir de maintenant au moins aussi froids que janvier 2008, mois le plus froid, de loin, de la décade.(ou une moyenne équivalente à...)

Cela signifierait donc un refroidissement extrème pour les 2.5 prochaines années.

C'est peu probable.

 

4. pour l'Europe, il semble apparaître un biais systématique dans le modèle.

plusieurs refroidissements prédits n'ayant pas eu lieu.

 

5. un de leurs arguments clés est l'utilisation des SST pour analyser le comportement de l'AMOC.

Une SST élevée indiquant une AMOC forte et une SST faible une AMOC faible.

Or ce n'est évidemment pas si simple (un des auteurs de la critique est Rahmstorf, spécialiste de la circulation océanique).

En effet si le modèle trouve des SST trop froides, par rapport à la réalité, il les force vers des SST plus chaudes.

Mais des SST plus chaudes entraînent aussi des eaux moins denses (notamment dans les zones de convection) et donc une AMOC plus faible, ce qui va en sens inverse de la corrélation, base de leur modèle.

 

6. quand les modèles ne sont plus drivés par les SST observées et qu'on les laisse calculer librement leurs SST, il se produit un "choc de couplage" qui introduit, automatiquement, une oscillation de l'AMOC.

Nous suspectons que les oscillations trouvées par Keenlyside et al. ont pour origine ce défaut des modèles et ne représentent pas la réalité.

 

7. dans la fig1a, le modèle de Keenslyside et al indique des zones bleues (comportement négatif) dans les mers du Labrador, du Groenland, de l'Islande et de Norvège, ainsi que dans la région du Gulf stream.

Ceci veut dire que pour des zones critiques de l'AMOC, leur méthode rend les prévisions plus mauvaises qu'elle ne les améliore.

Elle n'est donc pas capable de prévoir les variations de l'AMOC.

Cette méthode montre bien le comportement de certaines régions mais cela pourrait venir d'avantage d'advection d'eaux de surface plutôt que du comportement de l'AMOC.

 

8. tous les modèles utilisés par le GIEC prennent en compte la variabilité intrinsèque de la MOC mais aussi de la PDO et de la NAO.

Ces modèles montrent qu'un refroidissement dans un scénario de réchauffement global est extrèmement improbable et n'arrive presque jamais.

Ceci suggère que le refroidissement global, trouvé par Keenslyside, est en dehors de la variabilité naturelle trouvée dans les modèles (et probablement dans le monde réel) et est peut-être un artifact de leur méthode d'initialisation.

 

Notre évaluation peut être fausse bien entendu, mais la chose intéressante est que nous le saurons bientôt....

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commentaires

M
Pour 8), je ne vois pas comment un paragraphe sur les modèles sur RealClimate (donc avec l'imprimatur de Gavin Schmidt) puisse affirmer que TOUS les modèles (ta traduction est bien fidèle meteor) prennent en compte la variabilité des oscillations océaniques ?Le modèle modelE du GISS et dont Schmidt est directement en charge est publié ici, avec tous les forçages : http://data.giss.nasa.gov/modelE/transient/climsim.htmlJe ne vois nulle part le forçage correspondant aux oscillations océaniques et si on affiche le résultat des des simulations, (Response/All Forcings combined/Lat-Time), on voit que le modèle produit une hausse quasiment monotonique ponctuées par des baisses temporaires provoquées par des éruptions volcaniques (ah les éruptions, si pratique pour tuner une courbe qui ne fait qu'augmenter, mais pour reproduire des fluctuations courtes de quelques années qu'on voit dans la vraie température, inutile d'espérer demander ça à modelE). J'aimerais bien savoir dans tout ça où on peut trouver "la prise en compte" des oscillations océaniques dans modelE. Gavin ne nous aurait il pas fait un gros coup de Jarnac ?P.S. je n'aborde pas les autres points mais ça ne veut pas du tout dire que qui ne dit mot consent.
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M
<br /> Attention, les oscillations climatiques ne font pas partie des forçages.<br /> Elles sont inclues dans le modèle couplé océan-atmosphère.<br /> Par exemple la MOC est dans le modèle d'océan utilisé (il y en a 4 différents)<br /> <br /> <br /> EDIT: il y a pas mal de détails, concernant  les modèles, sur ce  serveur<br /> <br /> De plus, sur la simulation que tu montres, même en dehors des éruptions volcaniques, on voit bien que la courbe n'est pas lisse mais quelque peu hachée.<br /> Alors on peut dire que le modèle simule mal la variabilité climatique, c'est un fait indéniable, et d'ailleurs il n'est pas le seul (ça se saurait si les modèles savaient simuler la NAO, l'ENSO,<br /> la PDO, ...non?), mais on ne peut pas dire qu'il n'introduit pas, de par la structure des modèles d'atmosphère et d'océans, sa propre variabilité.<br /> Est-ce que cela vaut moins qu'un modèle qui initialise des phénomènes par ailleurs imparfaitement compris, quantifiés et donc imparfaitement également modélisables.<br /> Je ne sais pas, mais rien n'est prouvé dans un sens comme dans l'autre.<br /> <br /> <br /> <br />
F
Merci pour cette traduction, Météor. Je viens de lire l'article sur le site de RealClimate. C'est ce que j'avais compris dans les grandes lignes, n'étant pas parfait bilingue. Il ne reste plus qu'à attendre !
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