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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 13:03

Cet article reprend un thème, déjà abordé ici, qui concerne le délai entre variations des mesures satellitaires de la basse troposphère et ce qui se passe à la surface.

On sait que l'ENSO a une grande influence sur les températures de surface et, encore d'avantage, sur celles de la troposphère.

Les données de l'ENSO sont disponibles à la NOAA tandis que les données satellitaires sont fournies par RSS et UAH.

 

 

En principe les variations de température se répercutent très rapidement (délai de quelques minutes à 1 jour) de bas en haut d'une colonne troposphérique quelconque.

 

Il est donc étonnant de constater que ce n'est pas le cas lors des variations provoquées par l'oscillation El Niño.

 

L'explication que l'on peut tenter est que l'ENSO ne se manifeste pas seulement par des variations de température des SST et de la sub-surface océanique, mais que les phénomènes amplificateurs de l'oscillation, notamment convectifs, mettent un certain temps à se déclencher.

Qui dit convection (humide bien entendu dans ce cas) dit diminution du gradient vertical.

Autrement dit augmentation de la température à l'endroit où ça se condense, donc dans la troposphère.

Il semble, qu'au moment où ces lignes sont écrites, cela commence à bouger un peu du côté de ces mécanismes.

En effet, comme il est dit sur le site australien de météorologie, la couverture nuageuse a augmenté récemment sur le Pacifique central et ouest, ce qui constitue un signe important d'un Niño émergeant

 

Cloudiness near the date-line over the central to western Pacific is another important indicator of warm/cool ENSO conditions, as it normally increases/decreases (negative OLR/positive OLR anomalies) during these episodes. Cloudiness near the date-line has increased significantly in the last week, a trend that is consistent with an emerging El Niño.

 

Bien que les données de juin 2009 ne soient pas encore parues dans la base de données officielle de RSS, certaines sources ( woodfortrees ) citent une anomalie de l'ordre de 0.04°C, soit encore une diminution par rapport à mai (0.09°C).


(RSS a publié l'anomalie de juin égale à 0.075°C au lieu de 0.04°C ce qui ne change pas grand-chose.)

 

Alors que se passe t'il?

 

Je ne prétends pas avoir la solution, évidemment, mais je vais soumettre quelques données et graphiques.

 

Tout d'abord les évolutions comparées de l'ENSO et de l'anomalie globale de température de la basse troposphère.

 

 

on distingue un retard de la TLT par rapport à l'ENSO et on peut calculer facilement l'indice de corrélation entre TLT et ENSO.

 

 

le coefficient de détermination est de 0.28 soit relativement médiocre quoique significatif tout de même.

 

Appliquons la méthode simple qui consiste à décaler les séries de données afin de trouver le meilleur coefficient.

 

 

On aboutit à un meilleur coefficient de 0.70, très significatif donc, pour un décalage de 3 mois.

Ce décalage correspond à tout ce qui é déjà été dit sur ce blog à ce sujet, néanmoins je n'ai toujours rien trouvé dans la littérature à ce sujet.

 

Edit du 11/07/2009:

J'ai mal cherché car la littérature en parle tout de même.

 

Voir par exemple cet article de Trenberth (2000) dont voici un extrait :

 

 

"Evolution of El Niño Southern Oscillation and global atmospheric surface temperatures

Kevin E. Trenberth, Julie M. Caron, David P. Stepaniak, and Steve Worley

 

Following an El Niño the global surface air temperature

typically warms up by perhaps 0.1°C with a lag of 6 months

[Newell and Weare, 1976; Pan and Oort, 1983; Jones, 1989;

Wigley, 2000]. In an exceptional event such as the 1997-1998

El Niño the amount exceeds 0.2°C. Christy and McNider [1994]

and Angell [2000] show that the entire troposphere warms up with

an overall lag of 5-6 months, but the lag is slightly less in the

tropics and is greater at higher latitudes. Consequently, the empirical

evidence suggests a strong diabatic component to El Niño-

Southern Oscillation (ENSO)."

 

 


Le délai semble plus important, 6 mois au lieu de 3, et les causes de ce délai ne semblent pas aussi simples que cela.

le "strong adiabatic diabatic (personne ne suit, ça fait plaisir...) component" suggère que l'oscillation n'est pas seulement un échange de masses d'eau froide et chaude au travers du Pacifique équatorial.

fin EDIT

 

Enfin les faits sont là et on peut retracer alors les courbes des données décalées :

 

 

la comparaison des moyennes sur 3 mois avec décalage de 3 mois (le fait que les durées de la moyenne et du décalage soient les mêmes est fortuit) est encore plus parlante :

 

 

 

En conséquence, il est très probable que l'anomalie satellitaire de la basse troposphère du mois de juillet remonte sensiblement.

D'après les organismes qui s'occupent de surveiller l'ENSO, il semble se confirmer que nous allions vers un El Niño, dont on ne peut prévoir la force, dans le second semestre 2009.

Cette année sera donc assez vraisemblablement (mais les surprises ne sont pas impossibles) assez bien placée dans le classement des années les plus chaudes, d'autant que l'activité solaire redémarre enfin.

On suivra ça.

 

PS du 18/07/2009 : il semble que ce site fasse des émules

 

voir cet addendum dans cet article d'un site sceptique bien connu :

 

« Addendum: I should point out that there is a lag between surface and lower troposphere, so we'll see what July says as LT is already shaping up a bit warmer at UAH. - Anthony"

 

comme quoi, il n'est jamais trop tard pour apprendre...

mais il va falloir que je fasse valoir des droits d'auteur

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commentaires

P
La capacité calorifique de la totalité de l'atmosphère est à peu près égale à celle des premiers 7 m de la mer. Autrement dit, elle est parfaitement négligeable devant celle qui est surveillée par les balises argos (800 m +) qui ne montrent pas de variation sensible depuis 2003, et les "mesures globales océan + atmosphère" sont parfaitement inutiles. Il y a donc actuellement un léger problème pour les gens comme Jim Hansen qui prévoient un déséquilibre...
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C
Oui je comprends ce point. J'avais relevé le commentaire Australien sur la couverture nuageuse. <br /> Mais nous mesurons des variations de température, à la surface des oceans et jusqu'a 700m de profondeur, et aussi dans la basse et haute et atmosphére. Avec tout cela nous devrions pouvoir faire un bilan global et mesurer directement l'impact global du forçage radiatif. Avons nous une mesure de la quantié de chaleur globale Océan et atmosphère?
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M
<br /> il n'y a pas de mesure globale océan+atmosphère, à ma connaissance.<br /> Côté atmosphère on voit très bien le signal avec les mesures satellitaires et côté océan il existe depuis quelques dizaines d'années les mesures par XBT et plus récemment par les flotteurs<br /> ARGO.<br /> On commence seulement à bien fiabiliser les mesures ARGO, après élimination de nombreux biais.<br /> Mais un Niño est un phénomène court rendant difficile sa détection dans l'océan global (on y arrive bien sûr dans le Pacifique tropical).<br /> <br /> <br />
C
Bonjour Météor<br /> Il y un point au milieu de tout cela que j'aimerais comprendre. Les phénomènes El Nino et Enso sont principalement des variations de courants qui amènent de l'eau froide en surface sur certaines régions océaniques. Ils ne changent pas la quantité de chaleur contenue dans l'ensemble atmoshpère/océans. Ils peuvent modifier la température moyenne au niveau de la surface de façon temporaire. Je me souviens à ce sujet d'un commentaire de Sirius sur les oscillations longues apparaissant dans les résultats des modèles quand les océans sont modélisés. Mais tout cela n'est que de l'oscillation "locale". Pour mesurer l'évolution globale liée au forcement radiatif, ne serait il pas plus logique d'estimer la quantité de chaleur globale du système?<br /> J'ai vu des estimatiosn pour les océans à partir du système Argo, mais je n'ai rien vu d'équivalent pour l'atmosphère alors qu'il semble que nous ayons des données de puis plus longtemps. Avons nous un indicateur global de la quantité de chaleur stockée par la terre issu des données de température des différentes couches de l'océan et de l'atmoshpère?
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M
<br /> En fait l'ENSO n'est pas seulement un phénomène de bascule océanique et atmosphérique.<br /> Une conséquence de la bascule est l'apparition de forçages TOA mis en évidence par les mesures satellitaires.<br /> Ainsi un Niño s'accompagne d'un forçage TOA positif et inversement pour une Niña.<br /> Il s'agit vraisemblablement des variations de la couche nuageuse.<br /> <br /> <br />