L'ENSO (El Niño Southern Oscillation) constitue l'élément de variabilité climatique interannuelle le plus important à l'échelle globale.
Les phases froides (Niña), et chaudes (Niño), d'intensité variable, alternent, avec une périodicité moyenne de l'ordre de une à deux années.
Nous connaissons, ces dernières années, une succession de phases froides (Niña) qui influent significativement sur l'évolution décennale récente.
Le dernier rapport du GIEC (AR4) indique, au paragraphe 10.3.5.3:
"In summary, the multi-model mean projects a weak shift towards conditions which may be described as 'El Niño-like', with SSTs in the central and eastern equatorial Pacific warming more than those in the west, and with an eastward shift in mean precipitation, associated with weaker tropical circulations"
Une étude récente, Stevenson et al 2011 indique que si le changement du comportement moyen du Pacifique équatorial est bien du type Nino-like:
" Changes to the mean state are consistent with previous studies: a weakening of the subtropical wind stress curl, an eastward shift of the tropical convective cells, a reduction in the zonal SST gradient and an increase in vertical thermal stratification take place as CO2 increases."
, il semble impossible que nous puissions détecter un changement dans la variabilité elle-même au cours de ce siècle:
" The CCSM4 results imply that 21st century simulations may simply be too short for identification of significant tropical variability response to climate change".
Mais que les influences "décalées" de l'ENSO répondraient rapidement au changement climatique dans quelques régions, particulièrement au cours de l'hiver boréal:
"An examination of atmospheric teleconnections, in contrast, shows that the remote
influences of ENSO do respond rapidly to climate change in some regions, particularly during boreal winter."
observations
Le réchauffement récent s'étant réellement manifesté depuis le milieu des années 70, il semble intéressant d'observer quelle est la tendance sur l'indice ENSO principal, le Niño34, du nom de la zone pacifique la plus sensible à l'oscillation.
Comme on le voit, la tendance depuis 1976 est à la diminution de cet indice et donc allant plutôt vers une tendance Niña (cette notion étant à utiliser avec précaution)
J'ai indiqué, sur le même graphe, la variation de température due à l'activité solaire, alors que c'est l'indice nino lui-même qui, par contre, y figure (d'où les différences d'amplitude apparentes)
analyse
L'indice ENSO, SST de la zone 3-4, inclut le réchauffement global.
Si on suppose que la température globale agit uniformément il faudrait théoriquement soustraire de l'évolution de l'indice ENSO, la température globale.
La variation de l'ENSO, en propre, serait ainsi encore plus fortement vers un comportement Niña.
Mais je n'inclurai pas cette hypothèse dans mes corrections.
L'ENSO, en elle-même, a une influence forte sur la température globale.
Nous avons vu ici que la variation des SST était bien corrélée, en interannuel, à l'indice ENSO et que l'influence était égale à environ 0.08 fois l'indice.
correction de la température globale
En considérant l'année 2011 terminée, on peut établir une nouvelle évolution de la température globale, corrigée de l'ENSO et de l'activité solaire (1).
La correction ENSO, grossièrement effectuée sur les moyennes annuelles, ne peut gommer complètement les fluctuations dues à cette oscillation qui apparaissent donc encore sur le graphique.
Il ne faut donc pas s'intéresser à la valeur précise d'une année particulière, mais à l'évolution de la série.
Depuis 1976, la tendance décennale des SST NOAA brutes est de 0.114°C/décennie.
Pour les SST corrigées de l'ENSO et de l'activité solaire, elle est de 0.134°C/décennie, soit 17% supérieure.(elle est de 0.143°C si on corrige l'ENSO elle-même de la SST globale)
Pour la dernière décennie les résultats sont plus spectaculaires mais soumis à d'avantage d'incertitude.(influence des données individuelles imparfaitement corrigées)
De 2002 à 2011, donc, les SST brutes diminuent en tendance de -0.039°C/décennie mais la tendance SST corrigée de l'ENSO et du solaire, passe à 0.191°C/décennie.
On ne peut donc dire, encore une fois, que la tendance de fond stagne, encore moins qu'elle baisse, au cours de la dernière décennie.
(1) Il est rappelé que la correction solaire tient compte d'un facteur d'amplification de la TSI de 3 déterminé thermiquement en tenant compte de l'amplitude maximale de la température au cours du cycle de 11 ans.